Qu’on soit cardiaque ou pas, les troubles de l’érection ne doivent pas être niés ou cachés. D’une part parce qu’ils peuvent bénéficier de traitements efficaces, y compris si on souffre d’une maladie cardio-vasculaire. Mais aussi parce que ce dysfonctionnement sexuel se révèle fréquemment être le premier signe discret d’un problème cardio-vasculaire latent, qu’il faut impérativement dépister et soigner.

 

Qui est concerné ? 

La dysfonction érectile (diminution ou perte de l’érection) est plus fréquente chez les patients souffrant de maladie cardio-vasculaire ou présentant des facteurs de risque. Ainsi, on la retrouve dans 75 à 90% des cas d’insuffisance cardiaque. Chez les coronariens, elle existe chez 39% des hommes âgés de 40 ans, mais augmente pour atteindre 67% à 69 ans (1), ce qui est nettement plus important que dans la population générale (où 30 à 40% des hommes sont concernés). Elle est aussi 2,7 fois plus fréquente chez les hypertendus (et 2 fois plus chez les hypertendus traités), deux fois plus chez les fumeurs et 1,5 fois plus chez les hommes en surpoids. Elle est également beaucoup plus fréquente chez les diabétiques.

 

L’influence des traitements cardio-vasculaires La perte de l’érection peut également être provoquée, ou accentuée, par la prise de certains médicaments à visée cardio-vasculaire : c’est le cas de certains bêta-bloquants, des diurétiques et des antihypertenseurs centraux (voir pour plus de détails les p. 14 et 15). Toutefois, ces perturbations ne sont pas systématiques et certains hommes ne les rencontreront pas ! Elles peuvent aussi dépendre de la dose du médicament, mais c’est votre médecin qui adaptera votre traitement, pas vous…

 

ATTENTION, DANGER !

 Un VRAI signe d’alerte cardio-vasculaire La dysfonction érectile est aussi un signal d’alerte à ne pas négliger, car elle est considérée par les spécialistes comme un marqueur silencieux mais précoce de maladie athéromateuse, même sans signes cardiaques ou vasculaires annonciateurs. En effet, les artères du pénis et celle du cœur ont un fonctionnement identique : l’érection est un mécanisme vasculaire qui met en jeu la vasodilatation. Dans les faits, il a été démontré que la perte d’érection précède fréquemment (de 3 à 5 ans), la survenue d’un accident cardio-vasculaire aigu, coronarien ou cérébral pouvant engager le pronostic vital. 

Chez un homme sans maladie cardiovasculaire avérée, mais présentant certains facteurs de risque cardio-vasculaire (voir encadré), la perte de l’érection constitue donc un signe avant-coureur d’alerte à ne pas prendre à la légère. Au contraire, il convient de dépister et prendre en charge tous les facteurs de risque, engager un bilan vasculaire et cardiaque avec si besoin des explorations cardio-vasculaires et mettre en place une stratégie thérapeutique appropriée. Cette prise en charge ne remet pas en cause le traitement du trouble sexuel, et permet en outre de tout mettre en œuvre pour éviter un accident cardio-vasculaire quelques années plus tard.

 

Et les troubles féminins de la sexualité ? Ils augmentent avec l’âge et la ménopause, pour des raisons hormonales. Ils peuvent être de plusieurs natures : baisse ou absence de désir (voire parfois aversion), troubles de l’excitation ou de l’orgasme, insuffisance érectile clitoridienne, douleurs et sécheresse vaginale. Là aussi, les médicaments à visée cardio-vasculaire peuvent induire ou accentuer les troubles (voir p. 14 et 15). Ainsi, et quelque soit l’âge, 42% des femmes hypertendues traitées présentent une chute de la libido. Si les troubles féminins de la sexualité n’ont pas été corrélés clairement à des risques cardio-vasculaires futurs comme c’est le cas pour le dysfonctionnement érectile, à partir de la ménopause, ces risques cardio-vasculaires augmentent fortement suite à la chute des ses hormones féminines. La ménopause devrait être un moment-clef de dépistage des facteurs de risques cardio-vasculaires.

 

 

Réf : Fédération française de cardiologie

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